mardi 8 juin 2010

Lorca : Romancero gitano


traduction complète à : 
https://sites.google.com/site/lesitedemichelphilippon/lorca-dossier/lorca-romancero-traduit


Lorca l'incomparable : musique, sensibilité, vision. Le Romancero n'est peut-être pas son œuvre la plus "avancée". Mais, outre que la conception "progressiste" (téléologique, comme on dit vulgairement) de la poésie me semble très dangereuse, je ne trouve pas mauvais qu'une poésie moderne se coule, au moins en partie, dans des formes anciennes, voire archaïques, comme le romance épique, aux vers de 16 syllabes, assonancés, divisés ensuite en 2 vers de 8, plus naturels à l'espagnol, avec assonance aux seuls vers pairs. La nouveauté des images, le surgissement de la vision, me semblent mieux mis en relief dans ce berceau médiéval. Le résultat n'en est que plus intemporel, entre Chrétien de Troyes et les surréalistes - ou plutôt, à la fois l'un et les autres (le meilleur des autres...). 

L'assonance n'est guère stable en français moderne : à moins de faire un pastiche assonancé de chanson de geste (option envisageable, mais qui médiéviserait excessivement la modernité de FGL), la rime nous appelle irrésistiblement. D'où une difficulté pour la traduction, car l'assonance est particulièrement aisée et fluide, naturelle en espagnol, vu la fréquence des voyelles ; la rime proprement dite contraint plus - peut-être trop. C'est le parti que j'ai pris : dans notre langue pesamment oxytonique, on perd cruellement l'élan paroxytonique du castillan. J'ai essayé non d'imiter l'inimitable, mais d'en rembourser la perte par le moyen d'un repérage syllabique bien net, qui fournisse au moins une sorte de point de rebond.
Pour les mêmes raison d'incomparabilité de mètres oxytons et paroxytons, voire proparoxytons, j'ai usé de vers de 7 ou de 8, trouvant que cela ne nuisait pas à l'impulsion.

[Le thème du premier romance, est, comme on le verra aisément, une reprise du Roi des Aulnes, traduit dans un autre billet]