samedi 23 mai 2020

Anonyme : 'Romance de l'infant Arnaldos' [traduction M.P.]


L'infant Arnaldos 

Qui eut jamais telle aventure
sur les eaux de l'océan

comme eut l'infant Arnaldos
au matin de la Saint-Jean ?

Pour nourrir son épervier
il s’en allait chassant ;

il aperçut une galère
de la terre s'approchant.

Ses voiles étaient de soie,
d'or torsadé ses gréements.

La barre était de fin corail
et les ancres étaient d'argent.

Le marinier qui la menait
venait en disant un chant,

qui faisait se calmer la mer,
qui faisait tomber les vents,

et remonter à la surface 
les poissons au fond séjournant ; 

les oiseaux qui volent au ciel
viennent se poser sur le mât.

Alors parla le jeune Arnaldos
écoutez bien ce qu'il dira :

Par ta vie, le marinier,
ce chant, sur l'heure, dis-le moi.

Le marinier lui répondit,
cette réponse il lui donna :

«Jamais je ne dis ma chanson
qu'à celui qui vient avec moi.» 



El infante Arnaldos

  ¡Quién hubiera tal ventura
sobre las aguas del mar

como hubo el infante Arnaldos
la mañana de San Juan !

Andando a buscar la caza            
para su halcón cebar,

vio venir una galera
que a tierra quiere llegar ;

las velas trae de sedas,
la jarcia de oro torzal,             

áncoras tiene de plata,
tablas de fino coral.

Marinero que la guía,
diciendo viene un cantar,

que la mar ponía en calma,           
los vientos hace amainar ;

los peces que andan al hondo,
arriba los hace andar ;

las aves que van volando,
al mástil vienen posar.    
          
Allí habló el infante Arnaldos,
bien oiréis lo que dirá :

«Por tu vida, el marinero,
dígasme ora ese cantar.»

Respondióle el marinero,             
tal respuesta le fue a dar :

«Yo no digo mi canción
sino a quien conmigo va.»