À la lune
O gracieuse lune, je me souviens,
À présent que verse l'année, que sur ce même coteau
Je venais plein d'angoisse te contempler ;
Et que tu étais alors suspendue au-dessus de cette forêt
Comme à présent, et que tu l'éclairais toute.
Mais brumeux et tremblant du pleur
Qui sourdait de mon cil, à mes regards
Apparaissait ton visage, car peineuse
Etait ma vie ; et elle n'a pas changé,
O ma lune bien aimée. Et cependant me réjouit
Le souvenir et l'évocation des âges
De ma douleur. Oh comme elle advient agréablement,
Dans le temps juvénile, quand encore longue
Est l'espérance, et brève la carrière de la mémoire,
La remémoration des choses passées,
Même tristes, et que dure le souci !
Alla Luna [1819]
O graziosa luna, io mi rammento
Che, or volge l'anno, sovra questo colle
Io venia pien d'angoscia a rimirarti :
E tu pendevi allor su quella selva
Siccome or fai, che tutta la rischiari.
Ma nebuloso e tremulo dal pianto
Che mi sorgea sul ciglio, alle mie luci
Il tuo volto apparia, che travagliosa
Era mia vita ; ed è, nè cangia stile,
O mia diletta luna. E pur mi giova
La ricordanza, e il noverar l'etate
Del mio dolore. Oh come grato occorre
Nel tempo giovanil, quando ancor lungo
La speme e breve ha la memoria il corso,
Il rimembrar delle passate cose,
Ancor che triste, e che l'affanno duri !