Guido d'Arezzo, le fameux "inventeur de la musique", comme on disait quelquefois, a prélevé les premières syllabes d'un hymne à Saint-Jean-Baptiste, et en a baptisé (c'était logique) les notes de la gamme. La première, "ut" était d'un usage malaisé, et fut remplacée par un "do" bien plus "tonique". Hormis cela, les noms semblent distribués au hasard du texte liturgique (un pieux acrostiche). Je dis "semblent" car je remarque une corrélation, minime certes, dont je me demande si elle ne serait pas significative. Il y a en effet deux notes en "i", "mi" et "si" ; chacune désigne un degré qui sera suivi, en ordre ascendant, par un demi-ton ("mi-fa" et "si-do"). Or la sonorité de la voyelle "i", mince, vibrante, me semble très propre à préparer le passage au demi-ton supérieur, et donc dans le cas de "si," à marquer son rôle de sensible. Quant au "mi", ce serait une sorte de "sensible intermédiaire" qui tend vers le "fa" (sensible pour de bon dans la première gamme bémols). On aurait alors
"do ré mi-fa"
"sol la si-do"
et donc, dans chaque tétracorde, un son "i" préparateur, annonciateur, précurseur ; mince, maigre, ascétique, qui doit s'abolir pour que la série s'accomplisse : un saint Jean Baptiste musical.