Vita nova IX
Cavalcando l'altr'ier per un cammino,
pensoso de l'andar che mi sgradia
trovai Amore in mezzo de la via
in abito leggier di peregrino.
Ne la sembianza mi parea meschino,
come avesse perduto segnoria ;
e sospirando pensoso venia,
per non veder la gente, a capo chino.
Quando mi vide, mi chiamò per nome,
e disse : "Io vegno di lontana parte,
ov'era lo tuo cor per mio volere ;
e recolo a servir novo piacere."
Allora presi di lui sì gran parte,
ch'elli disparve, e non m'accorsi come.
Chevauchant l'autre jour sur un chemin,
j'allais pensif, accablé par l'ennui ;
au milieu de la route Amour je vis,
en mince vêtement de pèlerin.
Il m'apparut sous des dehors mesquins,
comme dépossédé de seigneurie ;
pour ne voir personne en sa songerie,
il baissait la tête d'un air chagrin.
Quand il me vit, il dit en me nommant :
"Je viens de cette contrée où ton cœur
était assigné par ma volonté ;
je veux qu'il serve neuve volupté."
Mais je l'observai avec tant d'ardeur
qu'il disparut, je ne sais pas comment.