"Saint-John Perse", ce pseudonyme étrange et majestueux a suscité une foule d’interprétations. May Chehab, qui a consacré un article aux divers pseudonymes du poète (2012), avait aussi publié une étude sur Saint-John Perse et Nietzsche (2009), dans laquelle elle signalait opportunément une corrélation remarquable entre, d’une part deux formules de Nietzsche :
l’exergue du Gai Savoir :
« Jamais je n’ai imité personne »
+ la fin de Humain, trop humain :
« Si un Dieu a créé le monde, il a créé l’homme pour être le singe de Dieu »
et d’autre part les derniers mots poétiques de Saint-John Perse
« Singe de dieu, trêve à tes ruses ! »
Saint-John Perse n’était guère un plaisantin - bien que Céleste pût considérer ses écrits moins comme des poèmes que comme des devinettes. Aussi est-il certainement illégitime, voire insolent, de le créditer, dans son nom même, d’une impeccable contrepèterie :
Saint-John Perse
Singe de personne
... rappel :
Dante, Enfer, fin du chant XXIX : "je fus de la nature bon singe" [trad. Portier] [di natura buona scimia]