Du Bos, Réflexions critiques sur la poésie et la peinture, I, sect 3 :
"Le mérite principal des poèmes et des tableaux consiste à imiter les objets qui auraient excité en nous des passions réelles. Les passions que ces imitations font naître en nous ne sont que superficielles."
Balzac, La Cousine Bette :
"Ce brio, mot italien intraduisible et que nous commençons à employer, est le caractère des premières œuvres. C’est le fruit de la pétulance et de la fougue intrépide du talent jeune, pétulance qui se retrouve plus tard dans certaines heures heureuses."
Helmholtz (référence ?) :
"Dans une oeuvre d'art les figures ne pourront pas être celles des hommes ordinaires [...] mais des figures expressives et caractéristiques, aussi belles que possible, qui n'appartiennent à aucun individu vivant ou ayant vécu, mais à un homme tel qu'il pourrait ou qu'il devrait y en avoir, pour mettre en lumière un côté de l'être humain dans son complet développement".
Baudelaire, Salon de 1845 (Corot) :
"Il y a une grande différence entre un morceau fait et un morceau fini – en général ce qui est fait n'est pas fini, et une chose très finie peut n'être pas faite du tout."
Delacroix, Journal 25 jan 1857 Plon p. 624
"Byron dit que les poésies de Campbell sentent trop le travail... tout le brillant du premier jet est perdu. Il en est de même des poèmes comme des tableaux, ils ne doivent pas être trop finis. Le grand art est l'effet, n'importe comment on le produit.
Merleau-Ponty, La Prose du monde chap. Le langage indirect :
"Il importe de comprendre la peinture classique comme une création, et cela, dans le moment même où elle veut être une représentation de la réalité".
Mauclair, De Watteau à Whistler (1905) :
"Un tableau est une surface colorée, dans laquelle les divers tons et les divers degrés de lumière sont répartis avec un certain choix : voilà son être intime ; que ces tons et ces degrés de lumière fassent des ligures, des draperies, des architectures, c'est là, pour eux, une propriété ultérieure qui n'empêche pas leur propriété primitive d'avoir toute son importance et tous ses droits."
Zola, Proudhon et Courbet [1866], in Mes haines GF, 2012 , p. 69 :
"L’objet ou la personne à peindre sont les prétextes ; le génie consiste à rendre cet objet ou cette personne dans un sens nouveau, plus vrai ou plus grand. Quant à moi, ce n’est pas l’arbre, le visage, la scène qu’on me représente qui me touchent : c’est l’homme que je trouve dans l’oeuvre, c’est l’individualité puissante qui a su créer, à côté du monde de Dieu, un monde personnel que mes yeux ne pourront pas oublier et qu’ils reconnaîtront partout."
Hugo, Choses vues p. 256 :
"Quand nous commençons un tableau, me disait l'autre jour M. Granet, nous sommes riches ; l'inspiration rayonne en nous ; nous croyons avoir cent mille francs à dépenser. Hélas ! le tableau fini, il se trouve souvent que nous n'avons dépensé qu'un petit écu."
Valéry, Manet Pléiade t. 2 p. 1332 : "Le moderne va vite et veut agir avant la mort de l'impression"
Malraux, Psychologie de l'art (1947-1948-1950) :
”L’obscur acharnement des hommes pour recréer le monde n'est pas vain parce que rien ne redevient présence au-delà de la mort, à l'exception des formes recréées.”
Nabokov, Lolita, explicit :
"… te faire vivre à jamais dans l'esprit des générations futures. Je pense aux aurochs et aux anges, au secret des pigments immuables, aux sonnets prophétiques, au refuge de l'art. Telle est la seule immortalité que toi et moi puissions partager, ma Lolita."