jeudi 3 juin 2010

Pasternak : Labours (traduction M.P.)


Pour traduire, il faut surtout connaître la langue dans laquelle on traduit. C'est l'opinion de Thibaudet, ce qui n'est pas un si mauvais parrainage...

 


Labours

Ce paysage de toujours,
terre et ciel y sont confondus ;
géométriques, les labours
s'étendent à perte de vue.

On dirait, à voir ces campagnes
sans fin lissées et alignées
que l'on a gommé les montagnes,
que les plaines sont balayées.

D'un même souffle, en même temps,
un doux duvet vient de pousser
sur les arbres au bord des champs ;
fièrement, ils se sont dressés.

Rien de sale aux arbres nouveaux.
Le plus pur qui ait vu le jour,
c'est le vert tendre des bouleaux
et le gris pâle des labours.