lundi 18 mars 2024

Rousseau, unisson (supplément)

… pour préciser le billet Rousseau et Platon antipolyphonistes (février 2022) :

http://lecalmeblog.blogspot.com/2022/02/rousseau-et-platon-antipolyphonistes.html


Peter (Rodolphe) : Calvin et la liturgie d’après l’Institution ; Conférence faite au deuxième congrès sud-africain de recherches calviniennes, Potchefstroom, 31 juillet-3 août 1984.

https://www.persee.fr/doc/ether_0014-2239_1985_num_60_3_2835

extrait : 

Calvin préconise […] le chant à l’unisson. Toute musique qui flatte les sens est à condamner, ainsi « les fringots et fredons de la papisterie, et tout ce qu’ils (ceux de la papisterie) appellent musique rompue et chose faite (factice) et chants à quatre parties 59.

59. Inst. III, xx, 32. Ce passage ne se trouve que dans les éd. françaises de L'Institution, et cela à partir de 1545. D’après le contexte Calvin parle du déplaisir que Dieu prend aux chants et aux mélodies papistes « qui sont composés au plaisir des oreilles seulement ». Ne sont pas condamnées par là les harmonisations que connaîtront les Psaumes à Genève. Cependant au culte la participation des fidèles se fera à l’unisson et l’on ne chantera que les Psaumes.


vendredi 8 septembre 2023

Pensées recueillies çà et là (29)


Huysmans : 

"Il a eu un bien beau cri du reste l’éditeur : voyant Céard, il a clamé : en voilà un qui est gentil, il ne m’apporte pas de manuscrit !!"

lettre à Hannon


Goncourt : 

"Le journal, ennemi instinctif du livre, comme la putain de la femme honnête."


Goncourt  : 

"Il y a un dégoût naturel chez l’homme pour la réalité. Il cherche à s’en évader tant qu’il peut par une de ces trois excitations idéales : l’ivresse, l’amour, le travail."

Journal, 1° avril 1861


Bernanos  : 

"Nous rêvons d’un messie charnel ; la Science, le Progrès, qui nous feraient maîtres de la planète. Oui, nous sommes des hommes de l’Ancien Testament."

Cimetières (1938)


Goncourt : 

"Il faut pour s’intéresser au passé, qu’il vous revienne dans le cœur et jusque dans les sens. Le passé qui ne revient que dans l’esprit est un passé mort."

Journal sept 1861


Addison : 

"Les mots, quand ils sont bien choisis, possèdent en eux une telle force qu'une description nous donne souvent des idées plus vives que la vision des choses mêmes." 

Les plaisirs de l'imagination 1712

Words, when well chosen, have so great a force in them that a description often gives us more lively ideas than the sight of things themselves.


Courteline : 

"Le fait du véritable artiste n'est pas de se complaire en ce qu'il fit, mais de le comparer tristement à ce qu'il aurait voulu faire."


Panofsky : 

"Si l'on considère que l'attitude scientifique de Galilée influença son jugement esthétique, l'on est en droit de considérer tout autant que son attitude esthétique a influencé ses convictions scientifiques."


Aymé :

"Il est bien difficile de servir à la fois Dieu et l’évêché."

La Vouivre


Babel : 

"Dans cette enveloppe éphémère qu'on appelle un être humain, le chant coule comme les eaux de l'éternité. Il efface tout et donne naissance à tout. "

Histoires de mon Pigeonnier


Malraux : 

"Nous ne pouvons sentir que par comparaison"


Chateaubriand : 

"C’est un effet de notre faiblesse, que les vérités négatives sont à la portée de tout le monde, tandis que les raisons positives ne se découvrent qu’aux grands hommes. Un sot vous dira aisément une raison contre, presque jamais une bonne raison pour."

Essai sur les révolutions ; Révolutions anciennes, XV


Valéry : 

"Homme énergique est celui qui, dans toutes les circonstances, choisit d’instinct la décision qui exige de lui la plus grande dépense d’énergie. Le risque est son excitant."


Valéry : 

"Si un oiseau savait dire précisément ce qu'il chante, pourquoi il le chante, et quoi, en lui, chante, il ne chanterait pas."


Flaubert : 

"Un bataillon de verres à moitié pleins couvrait le plancher ; et les casseroles, les marmites, la turbotière, la poêle à frire sautaient."


Flaubert :

"… et les blanches scintillations des diamants qui tremblaient en aigrettes dans les chevelures, les taches lumineuses des pierreries étalées sur les poitrines, et l'éclat doux des perles accompagnant les visages se mêlaient au miroitement des anneaux d'or, aux dentelles, à la poudre, aux plumes, au vermillon des petites bouches, à la nacre des dents."


Huysmans : 

"La conversion, c'est un aiguillage, mais l'homme, c'est toujours le même train."



mercredi 2 août 2023

Pensées recueillies çà et là (28)


Valéry :

"Je commence à voir que je n'aurai jamais les moyens de faire ce que je crois que j'avais été fait pour faire". 

lettre à Fontainas,1925


Tubeuf :

"Mais où sont aujourd’hui les voix, les timbres, les violoncelles, les dictions, la projection, la pose, même au Français ?"

Je crois entendre encore... 


Kundera :

"Nous avons négligé le métier du dessin, et c’est une erreur. Il faut commencer par connaître le monde tel qu’il est pour pouvoir ensuite le transformer radicalement."

La vraie Vie est ailleurs


Renard : 

"Le romantisme, c'est de faire parler les bêtes et de leur faire dire ce qu'on veut. Le réalisme, c'est de se soumettre à leur nature, qui est de ne pas parler."

Journal 27 nov 1909


Amiel :  

"L’esprit consiste à satisfaire l'esprit d'autrui en lui donnant deux plaisirs à la fois, celui d'entendre une chose et d'en deviner une autre, c'est-à-dire de faire coup double."

Journal 20 septembre 1876


Renard : 

La vie intellectuelle est à la réalité ce que la géométrie est à l'architecture.

Journal 11 novembre 1888


Hugo :

"L’homme qui ne médite pas vit dans l’aveuglement. L’homme qui médite vit dans l’obscurité. Nous n’avons que le choix du noir"


Huysmans :

"Cette idée de déménagement, de départ dans un autre pays me bouleverse, car je suis un peu comme les chats qui ont besoin d’avoir longuement flairé un logement et une ville pour s’y trouver à peu près à l’aise."

Lettre à A. Prins


Grillparzer : 

[canon, fugue]  "un édifice céleste dont toutes les pierres s’intriquent les une dans les autres, liées sans mortier et maintenues par la main de Dieu."

ein ganzes Himmelsgebäude, eines ins andere greifend, ohne Mörtel verbunden, und gehalten von Gottes Hand

Le Pauvre musicien p. 49


Chandler : 

"Penser en termes d’idées détruit le pouvoir de penser en termes d’émotion et de sensation."

Lettre à Sandoe 17 déc. 1944


Gourmont : 

"Il n'y a pas de collectivistes parmi les hommes d'intelligence sérieuse."


Hugo :

"Ce que nous appelons le laid [...] est le détail d'un grand ensemble qui nous échappe et qui s'harmonise non pas avec l'homme mais avec la création tout entière" 

préf. Cromwell


Rebatet :

"N'y manquait jamais, avec sa figure de maniaque sexuel dévorée de tics, le sieur André Malraux, espèce de sous-Barrès bolcheviste, rigoureusement illisible, et qui soulevait pourtant l'admiration à Saint-Germain-des-Prés, même chez les jeunes gogos de droite, grâce à un certain éréthisme du vocabulaire et une façon hermétique de raconter des faits-divers chinois effilochés dans un bouillon d'adjectifs."

Décombres


Faulkner : 

"Non seulement chaque livre doit avoir un projet, mais l'ensemble, la somme de l'œuvre d'un artiste doit aussi avoir un projet.


Céline :

"Mais me voici cuistrottinant, moralisateur, dissertateux, au lieu de vous raconter les choses, les vrais faits qui sont survenus ! Et que j'ai juste le temps à peine, vu la fébricité des heures, les témoins terribles historiques, l'archimerderie générale, la précarité des entractes, et mon sort en particulier... Adonc vite je vous fais excuse... voici la suite sans odieuseté…"

Maudits soupirs


mardi 27 juin 2023

Pensées recueillies çà et là (27)


Mauriac : 

"On ne peut tout seul garder la foi en soi-même ; il faut que nous ayons un témoin de notre force ; quelqu'un qui marque les coups, qui compte les points, qui nous couronne au jour de la récompense."   

Le Nœud de Vipères


Mallarmé : 

"Un pauvre poète, qui n'est qu'un poète – c'est-à-dire un instrument qui résonne sous les doigts des diverses sensations – est muet, quand il vit dans un milieu où rien ne l'émeut, puis ses cordes ses distendent et viennent la poussière et l'oubli." 

à Cazalis avril 1865


Amiel : 

"Pour qui vit au jour le jour, tout s'émiette, parce que l'emploi de tout est ajourné."

6 août 1865


Mercier : 

"Dans une nation éclairée, le plus grand nombre d'individus ne l'est pas encore."


Carrière :

 "La grâce déchirante et minutieuse d'un petit homme [Ravel] à qui manquait l'essentiel, comme à chacun, mais qui s'est efforcé de consacrer sa vie à l'inventer. "


Ramuz : 

"L'art classique préfère le général au particulier ; il cherche les ressemblances plutôt que les différences, et par là, il est plus durable."


Céline : 

"Putains veulent que putains partout !"

Nord


Chateaubriand :

"… une société matérielle qui n’a de passion que pour la paix, qui ne rêve que le confort de la vie, qui ne veut faire de l’avenir qu’un perpétuel aujourd’hui…" 

M.O.T. X


Camus : 

 "Quand on n'a pas de caractère, il faut bien se donner une méthode."

La Chute


Balzac : 

"Le Duc de Gèvres, très laid et petit, en se promenant dans le parc de Versailles aperçut des valets de riche taille, et dit à ses amis : Regardez comme nous faisons ces drôles, et comme ils nous font !..."

Physiologie du Mariage I, IV, § 15 


Claudel : 

"Il y a une chose plus triste à perdre que la vie, c'est la raison de vivre, plus triste que de perdre ses biens, c'est de perdre son espérance, Plus amère que d'être déçu, et c'est d'être exaucé."

L'Otage


Joubert :

"Ceux qui portent en eux les germes de toutes les perfections ont seuls un pudeur parfaite."


Colette : 

"Que la vie est belle dès que la lueur d'un danger la dore !"

L'Ingénue libertine


Emerson : 

"On dirait qu’une seule personne est l’auteur de tous les livres qui existent dans le monde ; il y a en eux une unité si fondamentale qu’on ne peut nier qu’ils soient l’oeuvre d’un seul homme omniscient."


Valéry : 

"J'ai pensé à tant de choses... Mais quel est le fil ?"


Thibaudet : 

"On n'est imité que dans la mesure où les imitateurs se croient originaux en imitant."


Jünger : 

"L'Etat mondial dont la langue universelle est la technique présuppose non une religion mondiale mais un nouveau polythéisme." 

Soixante-dix s'efface, 21 avril 1989


Chateaubriand : 

“Dans les grandes transformations sociales, les résistances individuelles, honorables pour les caractères, sont impuissantes contre les faits.”

M.O.T. 1-212


Huysmans :

"... Fulgence commentant l'Évangile de saint Jean sur la résurrection de Lazare et disant très nettement : « Jésus pleure non pas, comme le crurent les juifs, parce que son ami était mort mais il pleura parce qu'il allait rappeler celui qu'il aimait aux misères de la vie."

L'Oblat


Pound : 

"Another point miscomprehended by people who are clumsy at languages is that one does not need to learn a whole language in order to understand some one or dozen poems. It is often enough to understand thoroughly the poem, and every one of the few dozen or few hundred words that compose it." 


Montherlant : 

"Il est bon que l'homme meure quand il est abandonné par la part divine de lui-même."

Brocéliande


Anouilh : 

"L'homme est un animal inconsolable et gai."

L'Hurluberlu


Chardonne : 

"Il n'est de volupté que furtive."


Chardonne : 

Rien de précieux n'est transmissible. Une vie heureuse est un secret perdu."


Cioran :

"Ne nous parlez plus des peuples asservis ni de leur goût pour la liberté ; les tyrans sont assassinés trop tard : c'est là leur grande excuse."

Syllogismes de l'Amertume p. 152


Claudel  :

"A partir du moment où cessent les sabbats et les sorcières commence la révolution, la Déesse raison, la carmagnole autour de l'échafaud. L'anarchie"

Journal janvier-mars 1907


Kierkegaard :  

"[La joie, pour le chrétien] ce n'est pas le chemin, qui est resserré, mais c'est que l'affliction soit le chemin."

OC t. 13


Leibniz : 

"On se serait trompé si l’on avait cru que la même règle s’observe partout ailleurs, puisque depuis on a expérimenté le contraire dans le séjour de Nova Zembla."

Nouveaux Essais


Larkin : 

"… everyone young going down the long slide

To happiness, endlessly."

tous les jeunes glissant sur le grand toboggan

Sans fin vers le bonheur [trad. Pléiade]


Ronsard :

"La seule lyre douce 

L'ennuy des cœurs repousse

Et va l'esprit flattant

de l'écoutant."


Péguy : 

"Ils sont anarchistes, mais ils ne laissent rien tomber des prérogatives que l'État leur confère. Et notamment celle (évidemment négligeable) de passer tous les mois à la caisse. À notre caisse. Ils ne sont pas seulement anarchistes de gouvernement, ils sont anarchistes de trésorerie."

L'Argent


Rousseau : 

"L'homme naturel est tout pour lui [même] ; il est l'unité numérique, l'entier absolu, qui n'a de rapport qu'à lui-même ou à son semblable. L'homme civil n'est qu'une unité fractionnaire qui tient au dénominateur, et dont la valeur est dans son rapport avec l'entier, qui est le corps social."

Emile, I


Hugo :

"Qui préfère à l'hymen, aux purs épithalames,

Aux nids, ce suicide affreux, le célibat ;

Qui voudrait qu'à son gré le firmament tombât."

Légende des siècles, X - France et âme


Chateaubriand :

" […] c'était au péril de sa tête qu'on cherchait le rendez-vous donné par quelque Héloïse."

M.O.T.


Huxley T.H. [grand-père d'Aldous] :

"The known is finite, the unknown infinite ; intellectually we stand on an islet in the midst of an illimitable ocean of inexplicability. Our business in every generation is to reclaim a little more land."

… écho probable de Shakespeare (Tempest) : 

"We are such stuff 

As dreams are made on, and our little life 

Is rounded with a sleep."