jeudi 8 octobre 2020

Savoir et percevoir : Descartes et Berkeley


Descartes (Règle XIV) dit que ce que l’on considérait comme une ‘chose’ peut (et doit, pour le développement de la science) être considéré non comme un donné opaque de l’intuition mais comme une multiplicité de mesures possibles (de ‘dimensions’) : un bouquet de paramètres. L’unité de la res se dissout en une multiplicité de paramètres, de quantités auxquelles se réduisent les qualités perçues. 

De façon opposée et similaire, Berkeley considère que la chose, sans matière qui l’unifie, n’est que l’association d’un certain nombre de données sensibles (couleur, odeur, etc). 

La vision cartésienne mène au monde de la science, de l’industrie, de l’efficacité. La vision berkeleyenne ouvre la voie à une pensée de la sensation, des sensations, donc de l’art qui se destine à rendre l’expérience sensible, vécue, qualitative.

La science et la technique exigent l’éclatement de la chose en une multiplicité de nombres. 

L’art, sigulièrement la littérature, tend à montrer de façon isolée (non justifiée par une explication causale) notre expérience subjective et qualitative. Il insiste donc sur l’intuition non-rationnelle, non-rationalisée. C'est la phénoménologie : les choses telles qu’on les voit, avec la possibilité de les éparpiller en ce que Bernard Vouilloux appelle excellement une « volatilisation des aspects. »