lundi 25 octobre 2021

Céline, Artaud, mot de passe


On a parfois, non sans motif, mis en regard Céline et Artaud : folie, narrations sulfureuses, langage hors normes (néologismes, inflation verbale). 

Artaud a publié son Héliogabale en 1934 chez Denoël ; donc entre la publication du Voyage et celle de Mort à crédit ; Denoël ne faisait pas dans le standard. Céline et Artaud se sont peut-être croisés rue Amélie... 

Céline mentionne une fois (en passant) Artaud dans les Lettres qui nous sont procurées par la Pléiade (1945, lettre 10 p. 774) : "Ils ne remonteront pas la maison avec les Triolet et les Artaud !"

Parfois, on songe à Artaud en lisant Céline, p. ex. Féerie, Folio p. 164 : "Dieu présent ! Dieu toi ! Cul ! Anu !..."


Une rencontre esthétique précise entre les deux auteurs : leur intérêt commun pour le tableau de Brueghel Dulle Griet. 

cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Margot_la_folle


Artaud, Lettre sur le langage, in Le Théâtre et son double : 

"[...] l’inquiétante et mystérieuse « Dulle Griet » de Breughel le Vieux où une lueur torrentielle et rouge bien que localisée dans certaines parties de la toile, semble sourdre de tous les côtés, et par je ne sais quel procédé technique bloquer à un mètre de la toile l’œil médusé du spectateur."


Céline a vu le tableau, l'a remarqué (il était normal qu'il y fût sensible). 

Godard, Céline, biographie : 

"ils sont allés au musée. [...] Il découvre là, [...] un autre Bruegel, Dulle Griet, figuration des violences de la guerre. Le tableau lui parle autant sinon plus que la « Fête des fous » découverte à Vienne avec Cillie ; dans les jours qui suivront, Évelyne lui en enverra elle aussi une reproduction."


A-t-on noté que 'Griet' est une forme de 'Marguerite', donc le prénom de la mère de l'auteur, qui se retrouve bizarrement pseudonymée, dans D'un Château l'autre : 

"[...] ma mère au Père-Lachaise a même pas son nom sur sa tombe... je vous raconterai... Marguerite Céline..."


Ce prénom joue, au sens propre, un "rôle-clé" dans Casse-Pipe, puisque c'est le mot de passe oublié par les soldats égarés ; mot retrouvé dans des circonstances pour le moins régressives : 


"Il est parvenu à gémir... Il en avait après sa mère...

- Maman... Ma...man... ma... [...]

- Do... donne... moi... gli... glisse...[...]

- Maman !... Ma...ma... qu'il hurle alors... Ma...man... Mar...gue...rite...

Ça alors c'est du nouveau. Meheu il sursaute, il se tient plus, il exulte de joie subitement, il trépigne autour, il est forcené.

- Le mot ! qu'il s'excite ! Le mot ! 

- Le mot de quoi ?

- Le mot !

- C'est ça ?

- Le mot, le mot ! C'est celui-là ! Le mot ? [...] 

Le planton arrêtait pas, il était en crise de partout, il saccadait comme un crapaud, il lui remontait du liquide, de la grosse vinasse, des glouglous et puis plein d'écume, et puis entre ça encore : Marguerite... Il y tenait... Il finissait pas...

- Marguerite !... il gémissait...

Les hommes ça les faisait discuter si c'était vraiment Marguerite le mot ? « C'était celui-là... C'était autre chose... » Ils pouvaient pas décider..."

Ils hésitent car, en principe, le mot de passe est un nom de bataille. On peut songer aux batailles conjugales de Mort à Crédit... 


[la relation entre le prénom de la mère et le mot de passe est étudiée par J.-P. Richard, Microlectures [1] p. 221 sq.]

[la mère d'Artaud se prénommait Euphrasie : prénom d'origine grecque qui veut dire 'qui construit bien ses phrases']



vendredi 22 octobre 2021

Notules (12) (divers littérature)


Molière : Monsieur Jourdain, grand bovaryste, rêve d’un autre monde, aristocratique, élevé, de qualité, et ne supporte pas d’être bourgeois. À la différence d'Emma, ce n’est pas par des lectures qu’il a contracté ce mal ; c’est par le mépris social dont il souffre. Mais ce monde autre existe, il y a des aristocrates, de même que la Vaubyessard existe. La mobilité sociale commence, un peu, à l’époque de Louis XIV : Colbert, (peut-être un modèle de Monsieur Jourdain) était fils de drapier me semble-t-il. Mais la naissance ne s’acquiert pas, et on ne quitte pas Yonville. Donc la vraie vie est inaccessible, elle sera toujours ailleurs ; d'où les échecs similaires de M. Jourdain et d'Emma. Jourdain, Bovary, Proust : le snobisme, fil rouge des mentalités françaises ? 



Un bel exemple d'écriture artiste : Fénéon, dans Les Ventres : "Des rotondités féminines se trouvaient soudain en contact avec le plancher."



Deux débuts de romans (d'époque très voisine) qui se ressemblent beaucoup : Queneau, Les derniers Jours, et Aymé, Maison basse. Tous les deux visiblement issus de Bouvard et Pécuchet. Le style de Queneau a plus de relief que celui de Marcel Aymé (dont, il faut le reconnaître, Maison basse n'est pas ce qu'il a fait de mieux). Mais face à la fabuleuse richesse littéraire (et philosophique) de Flaubert, il (comme on dit) n'y a pas photo. L'incipit flaubertien est la description d'un monde sans humains, d'un parfait silence, où les choses jouent entre elles, dans une indifférence surnaturelle. Mais l'arrivée symétrique des deux bonshommes semble elle aussi une mécanique, un système de jacquemarts. 

Cf. la citation de Hugo donné à ce mot par le TLFi : "Chaque fois que l'aiguille atteint un chiffre, des portes s'ouvrent et se ferment sur le fronton de l'horloge, et des jaquemarts armés de marteaux, sortant ou rentrant brusquement, frappent l'heure sur le timbre en exécutant des pyrrhiques bizarres." (Le Rhin, 1842, p. 258)



Aymé, Maison basse. Il y a de bonnes, voire de très bonnes choses dans ce roman. Aymé a voulu montrer la vie d'un immeuble, avec divers appartements, les gens qui y vivent, l'influence de l'architecture et de l'urbanisme sur les mentalités et les relations sociales, etc. Mais il n'a pas réussi à les coordonner de façon souple et crédible. On a des blocs narratifs qui se rattachent mal. Jules Romains avait une technique plus audacieuse, et plus efficace. Perec procèdera de tout autre façon, en se dégageant des contraintes narratives habituelles. Dans le contexte d'une narration classique, je trouve (une fois n'est pas coutume) que c'est Zola qui a vraiment tenu ce pari difficile de l'unité multifocale, avec Pot-Bouille. Dans la production de M. Aymé, si l'on met de côté les nouvelles, il y a des pièces de théâtre, majoritairement ratées, et des romans, majoritairement réussis. Maison basse n'est pas dans le lot. 



Barthes, entretiens radio. Il dit que dans les arts plastiques, la couleur est de l'ordre de la pulsion. Cela fait des siècles que l'on dit, avec raison, que la couleur est l'élément sensuel et le dessin (forme) l'élément intellectuel. Que gagne-t-on à user de ce vocabulaire de la pulsion, sinon une teinture de modernisme ? 

(Ensuite, quand il dit qu'on ne peut pas ne pas être sensible à Magritte, il se trompe ; on peut).



Il y a des auteurs dont les œuvres principales peuvent se relire indéfiniment, comme on réécoute cent fois de grandes œuvres musicales. Parmi eux, pour moi : Flaubert, Giono, Céline, Nabokov, Queneau, Bouvier. Ça se relit comme Le Cimetière marin. On ne découvre rien de l'anecdote ; on n'a plus que la musique, la forme libérée de sa gangue. C'est ce que disent Proust (Sur la Lecture) et, dans une certaine mesure, Lukacs. 

https://lelectionnaire.blogspot.com/2020/10/lukacs-forme.html



Balzac, Le Chef-d'œuvre inconnu. Le tableau, intitulé : La belle Noiseuse. Pourquoi Noiseuse ? Les érudits ont dû en traiter. En tout cas Balzac y fournit un modèle de peinture oiseuse. 



 

Queneau : la ville des crimes ?

 

Francis Bout de l'An... personnage qui n'est pas singulier seulement par le nom. Un des plus extrêmes collaborateurs (mentionné par Céline à Sigmaringen). On lit en effet sur sa fiche Wiki : 

L'arrestation de sa femme Simone le 6 juin 1944 lors de la libération de Saint-Amand-Montrond (Cher, en zone libre) par les troupes du maquis Surcouf/Combat, le décide à faire reprendre la ville à l’aide de miliciens et de troupes allemandes, le 8 juin 1944. Les pires exactions sont commises en ville : prises d’otages, exécutions, assassinats, incendies. Le mois de juillet voit s’enchaîner rafles et exécutions sordides des juifs cachés dans cette discrète petite ville ; 36 personnes : hommes, femmes, enfants, vieillards seront massacrés dans les puits de Guerry. Le calme ne revient à Saint-Amand qu’après la fuite de Bout de l’An. 


Pour certains, la ville de Saint-Amand-Montrond évoque irrésistiblement celle de Saint-Montron, ville natale de Zazie, où il s'est passé aussi (une quinzaine d'années plus tard) des choses bien horribles liées également à de sombres histoires de famille... : 

"Vous vous souvenez de la couturière de Saint-Montron qu'a fendu le crâne de son mari d'un coup de hache? Eh bien, c'était maman. Et le mari, naturellement, c'était papa. [...] Heureusement que Georges était là pour un coup. – Et qui était ce Georges ? – Un charcutier. Tout rose. Le coquin de maman. C'est lui qui avait refilé la hache (silence) pour couper son bois (léger rire)."



mercredi 20 octobre 2021

Corot et les deux ponts de Narni


Le jeune Corot, en Italie, fait une assez petite étude de paysage, puis en tire un tableau de plus grande dimension, qu'il envoie à Paris pour le Salon. Actuellement, bien des amateurs préfèrent l'ébauche à l'œuvre achevée. 

Le grand spécialiste Peter Galassi aborde clairement le problème posé par ce changement de point de vue.  On peut voir les œuvres aux adresses ci-dessous. Je recopie ensuite le passage de Galassi, et m'autorise quelques remarques. 


étude (1826) (48 x 24) (bref article Wikipedia)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Pont_de_Narni


version de concours (1827) (93 x 68)  : 

https://artifexinopere.com/wp-content/uploads/2013/11/1827-Corot-Pont-de-Narni-Salon1.jpg


page très documentée : 

https://artifexinopere.com/blog/interpr/peintres/corot/1-ponts-de-narni-vue-plongeante/



Galassi (Peter), Corot en Italie, traduction Jeanne Bouniort Gallimard 1996 [éd. orig. 1991] p. 167-168 :

"Corot a emprunté un autre motif aux védutistes pour une étude du pont d'Auguste à Narni, peinte à l'automne 1826. Puis il s'est servi de cette oeuvre pour l'un des deux tableaux qu'il a exécutés en vue du Salon de 1827 au cours de l'hiver. Il a élaboré sa composition au fil de dessins préparatoires dont deux sont parvenus jusqu'à nous : l'un montre un détail de la partie gauche du tableau, l'autre est une esquisse d'ensemble. La transformation de l'étude en un tableau d'exposition fournit le prétexte de l'éternelle litanie des auteurs modernes à propos de Corot : le peintre a ajouté un repoussoir conventionnel dans l'angle inférieur droit, il a élargi et aplati la rive gauche pour offrir un décor à l'inévitable scène pastorale, il a introduit en plus un écran d'arbres, un bosquet dense et ailleurs deux pins parasols qui se découpent sur l'horizon, et il a dompté l'ardeur de ses coups de pinceau, troquant la facture exubérante de l'étude contre une manière plus uniforme. Bref, il a renoncé, paraît-il, à la spontanéité de l'étude initiale pour se couler dans un moule artificiel hérité de Lorrain et conçu pour répondre aux critères de l'art public. 

Ce discours laisse entendre que Corot, comme le spectateur moderne, préférerait l'étude au tableau et n'a préparé ce dernier que pour satisfaire aux exigences d'un goût qu'il ne partageait pas. C'est là une idée incompatible avec tout ce que nous savons de la formation et des conceptions de Corot, sans parler de l'environnement communautaire où il travaillait. Elle souligne la différence entre deux oeuvres au détriment de similitudes tout aussi importantes. Or le tableau d'exposition n'est pas une création purement artificielle. C'est un prolongement légitime de l'étude, où l'on retrouve beaucoup de caractéristiques de cette dernière. Et ce, parce que l'étude elle-même était déjà une composition classique impeccable, avec ses coulisses équilibrées, son monument au second plan, et sa perspective centrale conduisant le regard dans  les lointains. Même des détails aussi accessoires que l'ombre du pont et les accents de lumière s'harmonisent avec l'ensemble. Corot éprouvait une admiration si profonde pour Claude Lorrain et Nicolas Poussin, il comprenait si bien leur ceuvre que, d'emblée, il a envisagé la nature dans leur optique. Loin de chercher à se dégager des principes néo-classiques, il s'en est imprégné au point de les laisser déterminer chaque aspect de son oeuvre."



Les arguments de Peter Galassi sont ceux d'un grand connaisseur. Mais il me semble qu'on pourrait non le contester, mais y ajouter deux remarques, la première de poïétique (production, point de vue du créateur), la seconde d'esthétique (point de vue du spectateur). 


1) Au moment du pont de Narni, Corot avait 30 ans, et il est mort à 78 ans. Son évolution ultérieure se fait, entre autres  aspects, dans le sens d'un certain non-finito. Par exemple, la "Femme à la fleur jaune", [Donna con il fiore] de Milan, est un tableau très peu "fini". Mais il est signé, ce qui, dans le cas particulier de Corot, le rendrait presque suspect... Je ne dispose pas de documentation sur ce tableau ; j'ignore en particulier sa date. On peut le voir à cette page :

https://twitter.com/albertopetro2/status/1237343282746789890/photo/1


2) L'émotion esthétique a beaucoup changé en deux siècles, et notre échelle de valeurs n'est plus la même. Nous voyons une préfiguration de Cézanne là où on voyait un travail préparatoire. Et le tableau travaillé pour le Salon nous paraît froid. Doit-on, quand on goûte une œuvre, suivre le goût de l'artiste (pour autant qu'on puisse le connaître) et celui de l'époque de sa première réception ? L'artiste est-il le mieux placé pour orienter notre regard ? Voltaire pensait passer à la postérité par ses tragédies, et n'accordait pas grande valeur à Candide. Ou, plus proche de Corot, Ingres n'aimait guère ses portraits et se sentait voué à grande la peinture d'histoire. Ou bien faut-il assumer que (c'est le cas de le dire) bien de l'eau a passé sous les ponts, et qu'il est légitime de voir l'œuvre à travers notre filtre, dont nous ne pouvons nous défaire. Parallèlement, en musique, on peut jouer sur instruments anciens, vêtir les interprètes en culotte à la française, on ne pourra empêcher que le répertoire interne des auditeurs contient Wagner et Stravinsky. 

L'étude de Galassi nous épargne d'affirmer que Corot se sentait au cœur du sujet dans l'ébauche et se sentait tâcheron dans le tableau fini, attitude qui ne sera effective qu'après l'époque de Zola et Huysmans. 




Guérison par les Dieux


Le philosophe grec Épicure et son disciple latin Lucrèce voyaient l'origine de la religion dans la psychologie humaine. Devant un événement anormal ou dangereux, rien n'est plus angoissant que l'absence de toute explication. Comme les hommes d'autrefois avaient très peu de compétence scientifique ils devaient donc, pour combler cette angoissante béance, recourir à un expédient quelconque. N'importe quelle explication, si fumeuse, si absurde qu'elle fût, valait mieux qu'une absence d'explication. L'angoisse y trouvait au moins un point de fixation, une sorte de localisation, donc une limitation. D'autant que l'hypothèse d'une intervention divine offrait de beaux avantages. Les dieux en question, supposés à l'origine de nos maux et de tous les événements funestes, étaient d'une nature très étrangère à la nôtre : leurs actions pouvaient donc nous sembler absurdes sans que ce fût motif à critiquer de telles interprétations. Et leur statut supérieur des puissances divines leur permettait aussi de changer d'avis à tout instant : la contradiction faisait partie du programme. C'est pourquoi on a pu dire de la religion qu'elle était "l'asile de l'ignorance". Quand un fait nous laisse courts, nous pouvons toujours renvoyer aux dieux et au mystère de leurs volontés parfois perverses et toujours incohérentes pour nos chétifs esprits.  

En va-t-il autrement, de nos jours, quand nous présentons à un médecin des maux qu'il ne parvient pas à cerner, dont l'origine, la nature, lui échappent ? ou qui, simplement, demanderaient une attention à leur singularité, donc un effort, et du temps... Il nous renvoie à notre psychisme comme à une divinité obscure, interne cette fois et non plus située dans des mondes lointains. Le "facteur psy" est un commode asile de l'ignorance, une façon de botter en touche, de se débarrasser du patient en le refilant à un psy qui le lanternera assez longtemps, espère-t-on, pour qu'une rémission spontanée d'origine indéfinie vienne faire croire à l'efficacité d'une thérapeutique supposée universelle. 

"Quand on ne comprend pas, on dit que c'est nerveux" (Labiche, La Poudre aux yeux)


en appendice :

Queneau évoque le livre du Dr Carson, sur la difficulté des patients à décrire leurs symptômes. Certes. Mais 50 ans après, on pourrait aussi se poser la question inverse : un patient qui décrit ses symptômes avec précision, vocabulaire, nuances, et qui sent bien que le médecin peu lettré en face de lui ne comprend rien à ce langage trop élaboré pour lui. Le regard du médecin... vide, ennuyé, agressif, qui en veut à son patient de lui faire perdre son temps à ces foutaises, et qui lui coupe bien vite la parole pour prescrire une batterie d'analyses standard. 



Philosophie et patins d'appartement


Jadis, à la radio, un "philosophe", invité attitré des média les moins exigeants, racontait (en substance) ceci : "étant étudiant, ou lycéen, j'avais un prof de philo que j'admirais beaucoup. Un jour, avec quelques camarades, nous avons eu l'honneur d'être invités chez lui. Et nous avons vu que, pour obéir à sa femme, il marchait sur des patins. Cette soumission l'a complètement déconsidéré à mes yeux, toute mon admiration s'est évanouie". 

Cela indique clairement que cette admiration ne portait pas sur une pensée, mais sur une image. Et le fait que le penseur largement adulte ne se fait nulle critique rétrospective montre qu'il n'a guère changé. C'était, c'est encore l'admiration pour une allure, un style, une apparence - pour ce qui se voit sur la scène de la classe ou sur le plateau de télévision. Ce penseur médiatique (oxymore) nous dit en somme : un vrai penseur, ce n'est pas celui qui a des exigences intellectuelles ; c'est celui qui ne met pas de patins, celui qui a une posture de penseur, de rebelle, etc.  Une telle conception serait excusable venant d'un couillon lambda qui n'a jamais lu ce que dit Hegel sur le grand homme vu par son valet de chambre, ni entendu parler du Contre Sainte-Beuve de Proust, ni du Monsieur Teste de Valéry, ni du Chevalier de la Foi de Kierkegaard. Mais venant d'un homme qui, on peut l'espérer, a lu tout cela puisqu'il est professeur de faculté... Cette anecdote ainsi rapportée montre que ledit penseur est un homme de média ; un sainte-Beuve de la pensée, une pipelette de la philosophie, qui voit les grands homme du point de vue de leur valet de chambre. Un couillon lambda, mais très prétentieux et, pire que tout, influent. 


 

dimanche 17 octobre 2021

Notules (11)



À propos du président Hollande, on aurait pu dire qu'il y avait des 'hollandistes', et un style 'hollandien' ; on a choisi bien sûr la pire solution : 'hollandais'... 



Quand j’étais jeune, j’aimais bien la musique symphonique. On m’a dit : en vieillissant, vous aimerez de plus en plus la musique de chambre et finirez par n’aimer presque que le quatuor. De fait, je suis presque allé plus loin : j’aime encore plus le trio que le quatuor, et plus que le trio, les suites de Bach pour violoncelle seul ; et, parmi elles, la sarabande en Ut min, 3 lignes de croches simples, sans une double corde ; la musique la plus réduite qui soit, la plus magique. Un vide, richissime de rêves, de possibles.



Une 'somme', c'était un abrégé, un résumé, un 'sommaire' ; c'est devenu un exposé exhaustif. Une thèse, c'était au départ une phrase au contenu nouveau ; c'est devenu un exposé exhaustif des connaissances anciennes.



Roma veduta, fede perduta, disait-on. Mais, supériorité du 'socialisme réel', Moscou veduta ne signifia que rarement fede perduta. Les vrais croyants ne croient pas ce qu'il voient, il voient ce qu'ils croient : intellectuels encagés. Gide en est revenu déçu, peut-être, dit-on, parce qu'il vit que l'homosexualité y était persécutée. Triolet en est revenue déçue quand elle a vu (tardivement) que les Juifs y étaient persécutés. Dabit, quant à lui, n'en est pas revenu du tout ! Céline n'a pas mordu à l'hameçon, malgré la jolie Nathalie, qui était son guide blond (déjà !) ; il savait, lui, contrairement au sentimental chanteur, qu'il ne lui ferait jamais à son tour visiter Paris... 



Il faut savoir se contenter de petites joies. Au panthéon des gens que je ne supporte pas, il y a Godard et Boulez ; mais j'entends un entretien où Godard dit du mal de Boulez : c'est la première fois où j'ai plaisir à entendre Godard. Plaisir négatif certes ; mais c'est mieux que rien. Si j'entendais Boulez dire du mal de Godard, ce serait un délice !



Partir, c'est mourir un peu : mais naître, c'est déjà "partir" = séparer, partager, couper, isoler. opérer la partition entre mère et enfant ; première castration mélancolie, amputation de soi... Anno partum virgo. 



J’aime singulièrement le son de la contrebasse de jazz, en raison de sa discrétion et de son approximation mêmes ; impression de chuchotement, de confidence, de notes presque en-deçà des notes, d’une voix sans mots ; proche, très proche de l’esquisse dessinée, imprécise, voire brouillée, qui ne s’impose pas, mais qui s’offre à la vue sans peser. Un instrument qui fredonne. Valéry : "Écoute le son de la Voix, Vierge ou Veuve de mots".



Grosses voix. Pendant la Révolution française (et après), l'emportait celui qui criait le plus fort. Maintenant, c'est celui qui est un "bon client" pour les médias. L'origine de la démagogie, de l'extrémisme, c'est, pendant la Révolution, la présence du public aux débats : les orateurs modérés étaient rendus inaudibles par les vociférations. S'ensuivit ce qui devait s'ensuivre. 



Les vieux acteurs très célèbres se déguisent presque tous en monstres sacrés (Weber, Dreyfus, Depardieu…). Pas Michel Bouquet, qui est comme il est, petit vieux maigrichon, insignifiant, sans prestance aucune ; sans prestance extérieure, hystérique. D'ailleurs, si j'écris spontanément "Michel Bouquet" et non "Bouquet" tout court, ce n'est pas par crainte qu'on le confonde avec Carole ; c'est qu'il ne se présente pas comme une légende vivante. Il se contente d'être le plus grand. 



vendredi 15 octobre 2021

Pensées pour moi-même (4)

 

Fait-on vraiment éloge à un auteur du passé quand on dit qu'il est "très "moderne", "tout à fait contemporain" ?


Un ami peut remplacer un livre ; mais il faut beaucoup d'imagination.

(décalque de K. Kraus)


Langue, gangue ?


Le professeur remplacé par le processeur.


Faire écrin, c'est parfois faire écran. Exemple : la Portioncule.


Le professeur, comme le jazzman, reprend toujours autrement les mêmes standards.


 Seule la culture est capable de sauver un homme de la dégradante servitude d'être l'enfant de son temps. 

(décalque de Chesterton à propos de l'Eglise)


La liberté, comme la fortune, amassée par une génération, dilapidée par la suivante. 


Schumann shaman.


Avoir à choisir entre "2 + 2 = 5" et "2 + 2 =7"... 


Je suis structuraliste, et tout ce qui est humain m'est étranger.


Les artistes ne sont pas plus fous que les autres, mais ce sont des gens dont la folie laisse des traces.



Quelques pléonasmes...

 

(les plus drôles, étant les plus incorrects, ont été éliminés)


Mauvaise journée

Journée perdue

Réveil angoissé

Être soucieux

Se sentir mal

Idées noires

Mauvaise nouvelle

Monde fou

Faux ami

Fausse joie

Mal vieilllir

Prophète de malheur

Moment difficile

Trop parler

Servitude volontaire

Socialisme utopique

Dîner de cons

Âge ingrat

Enfant difficile

Mauvaise éducation

Liebestraum

Ferne Geliebte

Sale gosse

Jeune con

Vieux con

L'autre con


Melville a fait du pléonasme dans deux de ses titres : 

L'Enfer des vierges

Le Paradis des célibataires


Conrad une fois, avec :

Cœur de ténèbres


un jour prochain, peut-être, des oxymores...

 

d'autres pléonasmes : 

 

Génération perdue

Peine perdue

 ... (à suivre)

 



Pensées recueillies çà et là (5)


Camus : 

"Je n'ai de mémoire que pour une seule image"

La mer au plus près, Journal de bord


Nabokov : 

"The history of man is the history of pain !"

Pnine chap. 6

Valdés, Zoé :

"L’histoire de l’humanité est remplie d’amours, de douleurs et de dollars. »

La douleur du dollar chap. 3


Zamiatine :

"Le Christ réellement vainqueur, c'est le pope ventru en soutane lilas doublée de soie, bénissant de la main droite, tandis que de la gauche il récolte les dons."

(?)


Stein (Gertrude) : 

"La seule façon de quitter le Connecticut, c'est d'en sortir" 

Ida


Welsh : 

"L’âge change presque toutes les filles en femmes, mais les hommes restent toujours des gamins".

Porno p. 31


Muray : 

"Qu'est-ce que vouloir se reproduire, si ce n'est affirmer de manière animée qu'on sait que ce sera toujours pareil et qu'on s'en félicite ?"

Désaccord parfait p. 234


Flaubert : 

"Tout ce que je trouve de christianisme dans les révolutionnaires m'épouvante."

Lettre G. à Sand 5 juillet 1868


Borie (Jean) :

"Le touriste est le conquérant des pays déjà conquis. Il croit explorer, découvrir, alors qu'on se le passe de main en main, qu'on le pilote d'état d'âme en état d'âme"

préface à En Rade, de Huysmans


Leiris :

"Nous avons supprimé le Bien et le Mal, le Beau et le Laid, - mais nous distinguons toujours ce qui est de mauvais goût, de ce qui est de bon goût.*

Journal 



mardi 12 octobre 2021

Falla : à propos du Conc(i)ert(o) pour clavecin et cinq instruments







(quelques remarques et écoute comparative)


On (Debussy) a dit que la guitare est un clavecin, mais un clavecin expressif. Ici, le clavecin est une guitare, mais une guitare inexpressive. Une guitare dépersonnalisée, défolklorisée, désanecdotisée, pure, sèche, ascétique, voire désertique. L'œuvre est dénuée de tout élément anecdotique - c'est pour moi sa plus grande qualité. 

J'ai procédé, avec mes moyens (limités) à une écoute comparative, un banc d'essai, une tribune à un seul critique. J'ai pris ce que j'ai trouvé sur Qobuz et sur Youtube (je crois avoir épuisé les diverses versions ; je n'ai pas trouvé de versions avec piano). Je ne suis pas musicien ni critique professionnel. Seulement auditeur (éclairé par une calbombe). Je rappelle plus que jamais que tous les jugements ci-dessous sont implicitement précédés de "il me semble que...", "j'ai l'impression que..." etc. 

L'œuvre de Falla fait partie de mon panthéon. Il y a pour moi vers les années 1920 un brelan de génies, tous petits et maigrichons : Stravinsky, Ravel, Falla (à la même époque, mon cher Valéry était lui aussi petit et maigrichon). 

L'œuvre est présentée et commentée un peu partout. Sauf par Tranchefort qui, dans son Guide de la musique de piano et de clavecin, ne mentionne même pas cette œuvre majeure (!?). 

Signalons une présentation générale en anglais : 

https://www.laphil.com/musicdb/pieces/1922/harpsichord-concerto


Après avoir écouté 50 fois Falla, j'écoute le "petit frère" du concerto, le Concert champêtre de Poulenc. Poulenc apparaît bien léger, peu dense, facile, long, voire verbeux, sans tragique (Jankélévitch disait que la musique n'est jamais bavarde : si, elle peut l'être, en tout cas par comparaison). C'est très joli, très gentil ; mais on se dit "à quoi bon ?" En particulier, le clavecin est perdu dans l'immense orchestre, il est minuscule, lointain ; l'équilibre ne va pas du tout. C'est dans la version avec piano que l'équilibre de puissance sonore est normal. Alors que Falla a parfaitement réussi l'équilibrage entre les cinq acolytes et un clavecin, moderne il est vrai et assez costaud (ayant aperçu jadis la photo de la séance d'enregistrement avec Falla au clavier, j'avais cru que c'était un piano...).


Je donne mes appréciations sans ordre précis, avec parfois des lacunes d'information (la documentation des versions laisse souvent à désirer, sur Qobuz et ailleurs). 


- Kirkpatrick + Rosbaud (1952) ; bonne version, historique, mais le son d'époque n'est pas très plaisant 


- Pelleg + Rampal (1958) bonne version, historique, mais le son d'époque n'est vraiment pas plaisant.


- Kipnis + Boulez (1974) : extrêmement bien fait, rigoureux, parfait (on pouvait s'y attendre) ; mais (on pouvait un peu s'y attendre aussi), c'est assez aseptique, abstrait, un peu indifférent. On se rapproche de Stravinski, ce qui n'est pas absurde, mais une dimension fallienne manque. 


- Marquez (Silvia) (2021) : assez bonne version ; 1 et 2 sont bien, sans plus ; 3 est impeccable, et marque donc la dimension plus "néoclassique" de ce mouvement. Mais l'ensemble n'est pas assez sec, émacié, indifférent, tendineux, désertique. 

(la sécheresse de l'œuvre n'entretient qu'un rapport lointain avec l'anecdotique meseta, mais elle entretient en revanche un rapport essentiel à la musique pure).


- Knoblochova (1974) : interprétation bien moyenne, et prise de son bien vague.


- Constable + Rattle (1980) : prise de son calamiteuse, tout est brouillé, sur le même plan, illisible ; exactement ce qu'il ne fallait pas faire pour cette musique. 

Mea culpa (deux mois plus tard) : 

Intrigué par cette expérience si négative, j'ai réécouté cette version avec un matériel audio différent ; et le résultat est tout autre, à tel point que j'en suis perplexe : l'impression est même à peu près inverse. Interprétation analytique, assez sèche et froide, pas du tout hispanisante, plutôt stravinskysante... Ce n'est pas gênant dans 1 et 3 ; un peu gênant dans 2, qui tend à l'impersonnel. Mais il y a un plaisir auditif réel.


- Veyron-Lacroix + Dutoit (1972) : très bonne version, assez sèche, précise, vivante, habitée. Sonorités bien distinctes. Très appréciable.


- Anderson + Schirmer Ensemble (1998) : bien fait, prise de son un peu confuse (pas assez d'air entre les instruments. S'écoute avec plaisir. Mais justement, avec un peu trop de plaisir immédiat, car c'est au prix d'un rabotage, d'un émoussement de ce qui accroche, râpe, heurte dans cette partition sans complaisance. Trop doux, trop lissé, civilisé, de bonne compagnie ; on y regarde du côté de Poulenc et de son Concert champêtre. Version de bonne qualité, mais édulcorante. 


- Rembrandt : (date ?) prise son très lointaine, qui égalise tout. Et surtout, paradoxe pour un disque consacré au clavecin, l'instrument est presque effacé. Mais tout est estompé. Comme disque en tout cas, c'est raté. Doux, sans acidité, érodé ; pas de présence ni de relief ; ni de tragique, bien sûr.


- Ruzickova publié en 2017, en hommage à la claveciniste, qui venait de mourir (date d'enregistrement ?) : immenses qualités. Un manque évident : ce n'est pas du tout espagnol ; mais si on considère la musicalité pure, le plaisir d'écoute, la vie, les tempi, c'est formidable ; l'écoute en est renouvelée, transformée ; on dira peut-être que l'œuvre est trahie ; moi, je suis ravi. La prise de son est très bonne ; spatialisation agréable (de l'air entre les instruments sans qu'ils soient isolés) ; le clavecin se détache très bien. 

Le 1° mouvement est rapidissime, très virtuose, brillant, presque confus. Ce n'est pas du tout tragique ou émacié, mais d'une grande beauté. Certes, i il y a intérêt à connaître déjà l'œuvre pour pouvoir suivre. De même, le 3° mouvement est splendidement déchiqueté, multipolaire, pas du tout néoclassique, pas du tout "Rodrigo". 

Un très grand plaisir, mais qui n'est pas spécifiquement fallien.


- Argenta : (date ? A.A. est mort en 1958) Là, c'est admirable. Le son est un peu ancien, mais il a un magnifique tranchant ; très espagnol, acide, sec, ascétique, objectif, émacié, désertique et, surtout, hautainement inexpressif (comme Falla, très loin de toute joliesse). Argenta eut la réputation d'être l'héritier spirituel de Falla : cela se sent. C'est peut-être (au début) un peu pénible pour le tympan (acidités), mais les tempi et les appuis sont marqués, insistants, comme il faut. La prise de son est bonne, parfaitement analytique. L'enregistrement devrait être contemporain d'autres où la prise de son est très vieillie et gênante, et pourtant... Le chef a un prénom wisigoth, et son impulsion a quelque chose de sombrement archaïque et fascinant.

[sur Qobuz, les pistes sont en ordre inversé...]


- Puyana + Mackerras (1969) : Magnifique. C'est sec, bien détaché, clair, distinct, il y a de l'air entre les timbres. Le son est bon, meilleur que chez Argenta, et on peut profiter pleinement de la très belle interprétation, comparable à la qualité de celle d'Argenta. Juste un peu moins émaciée, mais de ce fait plus aisément écoutable. Présence sonore parfaite, individualisation, complexité audible, sans brouillard. On dirait du Stravinski, en encore mieux !


- Sylvia Marlowe (1956) mono, sur Youtube ; c'est desservi par le son d'époque. C'est assez bon, mais je n'arrive pas à m'y intéresser...


- Falla himself (1930) : 1 et 2 excellents, passionnants, malgré le son d'époque ; des audaces magnifiques, un sacré culot par moments ; des rythmes heurtés que les suivants n'oseront pas ; des martèlements ; je songe à Monk ! On est aux antipodes du joli. 

Mais est-ce un blasphème de dire que j'ai trouvé le 3 très problématique ? Le début en tout cas de ce 3 me semble bousculé, pas ensemble ; la suite me semble souvent confuse. C'est peut-être mon incapacité à suivre les audaces que j'encaissais avec bonheur dans 1 et 2. Ou alors les audaces de 1 étaient-elles déjà des décalages malencontreux ? je ne veux pas le croire. 

[a-t-on des détails sur les conditions de l'enregistrement ?]

Le plus impressionnant, c'est le 2, très lent, appuyé, répétitif, insistant, hiératique (ce 2 était le mouvement qui impressionnait le plus Ravel). 


- Achúcarro + Mata (date ?) ; très bonne et solide version, peut-être sans folie, mais remarquablement bien faite [Achucarro a semble-t-il fait aussi une version piano]. Très légère réserve : les notes du clavecin ont peut-être un peu tendance à se mêler, comme au piano un léger excès de pédale (mais c'est très bénin). [écouté sur Youtube, avec une coupe de pub !]


- Sebestyen Janos, hongrois, né en 1931 mort en 2012 (enregistrement de 1965) (internet) : c'est bien, très bonne version ; très solide et agréable. Le 3 est gai, vif, vivant, précis. Mais la qualité sonore empêche de bien profiter des qualités. 


- Damunt (José Maria) (2013) : pas mal fait, mais inhabité (ce qui est très loin de l'impersonnalité moderne) ; ressemble à la très regrettable illustration de la jaquette du CD... 


 (Dailymotion) Le Balcon (2018, live, France-Musique. Mitigé. C'est du direct, il peut donc y avoir quelques imperfections. Ils se tirent assez honorablement du 1° mvt, mais le 2° est approximatif, plutôt laborieux ; on l'entend mal ; les plans ne sont pas nets. Le 3° est correct, mais très (trop) néoclassique. 


(Youtube) Ensemble Falla : le 3° mvt seul (?), live. Image parfaite, trop léchée même (la photo noir et blanc de Falla est bien plus juste). C'est musicalement impeccable, très bien fait ; mais c'est très sage, trop ; aucun grain de folie, de rudesse. Académique dans un sens qui n'a rien de négatif, mais ... 


(youtube) Anne Catherine Bucher + ensemble Stanislas, Nancy (2006) ; très bonne interprétation (live), solide. Le 3 en particulier a du brio, de la précision, de la vie. 


(Youtube) ensemble russe live Homecoming Chamber Music Festival, Moscou 12 01 2016 Olga Martynova. Salle trop résonnante (on s'y fait au bout d'un moment) ; mais très bonne exécution. Tempo un peu trop rapide. 3 très néoclassique. Vaut la peine d'être écouté attentivement.


(Youtube) Justin Bird live Baltimore 2011 : lent, lentissime, insupportable ; aucune vie, aucune âpreté ; scolaire et laborieux. Bien fait et sans intérêt. 2 est interminable ! érodé, insipide. Baltimore, Nevermore !






Podium :

en tête, ex-æquo ;

- Argenta 

- Puyana

excellents selon deux orientations assez différentes :

- Argenta : âpreté, tranchant

- Puyana : équilibre de toutes les qualités


en 3° position, ex-æquo aussi :

- Ruzickova : brio, brillant ; mais est-ce le but de l'œuvre ? (la version la plus "agréable")

- Veyron-Lacroix + Dutoit, solide. 

- Achúcarro


hors-concours : 

Falla himself, mouv. 1 & 2, fascinant (música bruja ?)