dimanche 17 mai 2020

Góngora ; 'La douce bouche...' [traduction M.P.]



La douce bouche à goûter nous convie
un souffle entre des perles distillé,
et à n'envier cette liqueur sacrée
par Ganymède à Jupiter servie -

amants, n'y touchez, si aimez la vie :
entre une lèvre et l'autre colorée
Amour se tient, de son venin armé,
comme entre fleur et fleur serpent tapi.

Ne vous trompent ces roses qu'à l'Aurore
vous diriez emperlées, pleines d'odeurs
se détachant de la pourpre du sein.

Ce sont fruits de Tantale que ces fleurs
qui fuient sitôt celui qui les implore,
et de l'Amour reste le seul venin !


La dulce boca, que a gustar convida
un humor entre perlas destilado, 
y a no invidiar aquel licor sagrado
que a Júpiter ministra el garzón de Ida,

amantes, no toquéis, si queréis vida ;
porque entre un labio y otro colorado
Amor está, de su veneno armado,
cual entre flor y flor sierpe escondida.

No os engañen las rosas, que al Aurora
diréis que, aljofaradas y olorosas,
se le cayeron del púrpureo seno.

¡ Manzanas son de Tántalo, y no rosas,
que después huyen del que incitan ahora,
y sólo del Amor queda el veneno !