samedi 7 décembre 2013

Keats : Bright star (traduction M.P.)



Keats

Bright star ! would I were steadfast as thou art -
Not in lone splendour hung aloft the night,
And watching, with eternal lids apart,
Like Nature's patient, sleepless Eremite,
The moving waters at their priestlike task
Of pure ablution round earth's human shores,
Or gazing on the new soft fallen mask
Of snow upon the mountains and the moors -
No - yet still steadfast, still unchangeable,
Pillow'd upon my fair love's ripening breast,
To feel for ever its soft fall and swell,
Awake for ever in a sweet unrest,
Still, still to hear her tender-taken breath,
And so live ever - or else swoon to death. 






Astre, je t'envie d'être si constant -
Non pour, dans les cieux, resplendir insigne,
Ni, de la Nature Ermite patient,
Observer toujours, d'un œil qui ne cligne
Cette liturgie mouvante des eaux,
Pure lustration de tous les rivages,
Ni la tendre neige en masque nouveau
Tombée sur les monts et les lieux sauvages -
Non - mais toujours là et serein toujours,
Sentir s'élever et sentir ployer
Sous ma joue le sein de mon bel amour,
En un doux souci rester éveillé,
De son souffle entendre le tendre effort,
Et vivre ainsi - ou sombrer dans la mort.




Manrique : Coplas (traduction M.P.)



Jorge MANRIQUE (1440-1479)

Coplas
a la muerte de su padre


Recuerde el alma dormida,
Avive el seso y despierte
    Contemplando
Cómo se pasa la vida,
Cómo se viene la muerte
    Tan callando ;
Cuán presto se va el placer,
Cómo, despues de acordado,
    Da dolor ;
Cómo, a nuestro parescer,
Cualquiera tiempo pasado
    Fué mejor.

Pues si vemos lo presente
Cómo en un punto s'es ido
    E acabado,
Si juzgamos sabiamente,
Daremos lo non venido
    Por pasado.
Non se engañe nadie, no,
Pensando que ha de durar
    Lo que espera
Más que duró lo que vió,
Pues que todo ha de pasar
    Por tal manera.

Nuestras vidas son los ríos
Que van a dar en la mar,
    Qu'es el morir ;
Allí van los señoríos
Derechos a se acabar
    E consumir.



Couplets
sur la mort de son père


S'éveille l'âme endormie,
Se reprenne et avive
    En voyant
Comme s'en va la vie,
Comme la mort arrive
    Se taisant ;
Comme s'enfuit plaisir,
Comme, remémoré,
    Est douleur ;
Comme, à notre sentir,
N'importe quel passé
    Fut meilleur

Puisque voyons présent
Sur l'instant disparu,
    En allé,
Si jugeons sagement,
Tiendrons le non-venu
    Pour passé.
Que nul ne soit déçu
Pensant que doit durer
    Ce qu'attend
Plus que ce qu'il a vu,
Puisque tout doit passer
    Mêmement.

Rivières sont nos vies
Qui s'en vont à la mer
    Du mourir.
Là vont les seigneuries
Tout droit se consumer
    Et finir.