vendredi 2 septembre 2011

L'oreille(r) de Stravinski


  
Stravinski affectionnait (ou affectait) parfois un certain rabaissement prosaïque de l'activité artistique (les excès du romantisme réclamaient compensation). 
On lui demandait pourquoi il changeait souvent de style. Il répondit, paraît-il, en substance, qu'en été, au lit, quand l'oreiller est trop chaud, on déplace sa tête pour trouver de la fraîcheur...
La comparaison a le double mérite d'être brève et parlante. On se lasse d'un style. Une façon de composer peut donner la sensation d'un chewing-gum délavé.... Mais cette image du chewing-gum est moins opportune que celle de l'oreiller. Car (au risque de surinterpréter) on pourrait dire que, sur l'oreiller, la place trop chaude abandonnée, au bout d'un moment, se retrouve fraîche, et peut donc de nouveau servir ; ce qui expliquerait que, parmi les innovations incessantes de Stravinski, on trouve aussi le néoclassicisme.