mercredi 24 juin 2020

Swinburne : ‘Proserpine’ [traduction-adaptation M.P.]



[La brièveté du mètre, la fréquence des monosyllabes, la densité sémantique, la contrainte des rimes, tout exige de renoncer à une traduction exacte, et de recourir à une adaptation] 


Le Jardin de Proserpine (str. 1 et 2) 

Ici, tout est serein ;
Un souci qui se lève
N'est qu'un vent qui s'éteint,
Douteux rêve de rêve ;
Je vois le champ verdir,
La récolte mûrir
En moisson à venir,
Flot dormant sur la grève.

Je suis las des plaisirs,
Je suis las des révoltes ;
Que me fait l'avenir
De qui sème et récolte ?
Que me font les journées,
Boutons de fleurs fanées,
Rêves et destinées,
Et tout, sinon dormir ?


The Garden of Proserpine

Here, where the world is quiet ;
Here, where all trouble seems
Dead winds' and spent waves' riot
In doubtful dreams of dreams ;
I watch the green field growing
For reaping folk and sowing,
For harvest-time and mowing,
A sleepy world of streams.

I am tired of tears and laughter,
And men that laugh and weep ;
Of what may come hereafter
For men that sow to reap :
I am weary of days and hours,
Blown buds of barren flowers,
Desires and dreams and  powers
And everything but sleep.