mardi 19 mai 2020

Góngora : Sonnet [traduction-adaptation M.P.]



Tant que le trésor de ta chevelure
rejette dans l'ombre le grand soleil ;
tant que le lis pur, qu'on dit sans pareil,
semble terne auprès de ta face pure ;

tant que de l'œillet la jeune parure
séduit moins les yeux que ton ris vermeil ;
tant que ton col fier passe [sans conseil]
du parfait cristal l'exacte figure ;

Cheveux, face, ris, col, profites-en  :
ce qu'ils paraissent en cet âge tien,
soleil, lis, œillet, cristal transparent,

sont fleurs coupées que le temps ne retient,
et tout de toi devient pareillement
Terre, poussière, fumée, ombre, rien. 


Mientras por competir con tu cabello,
oro bruñido al sol relumbra en vano ;
mientras con menosprecio en medio el llano
mira tu blanca frente el lilio bello ;

mientras a cada labio, por cogello,
siguen más ojos que al clavel temprano,
y mientras triunfa con desdén lozano
del luciente cristal tu gentil cuello ;

goza cuello, cabello, labio y frente,
antes que lo que fue en tu edad dorada
oro, lilio, clavel, cristal luciente,

no sólo en plata o víola troncada
se vuelva, mas tú y ello juntamente
en tierra, en humo, en polvo, en sombra, en nada.