vendredi 9 août 2019

Baudelaire / kitsch / hasch


Un ancien billet 
évoquait le kitsch esthétique, et ne mentionnait qu’en en passant le kitsch moral tel qu’il est caractérisé par Kundera : se donner bonne conscience à peu de frais, fournir une image de soi admirable. Que je ris de me voir si moral en ce miroir !

Cette facilité dans l’ivresse de soi-même est exactement ce que décrit Baudelaire dans les effets du haschich : 
« De la contemplation de ses rêves et de ses projets de vertu, il conclut à son aptitude pratique à la vertu ; l’énergie amoureuse avec laquelle il embrasse ce fantôme de vertu lui paraît une preuve suffisante, péremptoire, de l’énergie virile nécessaire pour l’accomplissement de son idéal. Il confond complètement le rêve avec l’action, et son imagination s’échauffant de plus en plus devant le spectacle enchanteur de sa propre nature corrigée et idéalisée, substituant cette image fascinatrice de lui-même à son réel individu, si pauvre en volonté, si riche en vanité, il finit par décréter son apothéose en ces termes nets et simples, qui contiennent pour lui tout un monde d’abominables jouissances : "Je suis le plus vertueux de tous les hommes !" » 

(ne dirait-on pas du Nietzsche ?)