lundi 1 juin 2020

Juana Inés de la Cruz : Sonnet du portrait [traduction M.P.]



Ce que tu vois, tromperie colorée,
tous ces attraits que l'art met en valeur
par ses faux syllogismes de couleurs,
ce n'est que danger pour ton sens leurré ;

cette flatterie qui dut s'affairer
pour exempter les ans de leurs horreurs,
pour surmonter le temps et ses rigueurs,
pour que l'âge et l'oubli soient réparés,

c'est soin perdu et artifice vain,
c'est fleur délicate exposée au vent,
c'est faible rempart contre le destin,

c'est impatience niaise, aveuglement,
c'est frénésie caduque, et puis enfin,
c'est cadavre, poussière, ombre, néant.



Este, que ves, engaño colorido,
que, del arte ostentando los primores,
con falsos silogismos de colores
es cauteloso engaño del sentido ;


éste, en quien la lisonja ha pretendido
excusar de los años los horrores,
y venciendo del tiempo los rigores
triunfar de la vejez y del olvido,

es un vano artificio del cuidado,
es una flor al viento delicada,
es un resguardo inútil para el hado : 

es una necia diligencia errada,
es un afán caduco y, bien mirado,
es cadáver, es polvo, es sombra, es nada.