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mercredi 3 juin 2020

Juana Inés de la Cruz : Sonnet de la rose [traduction M.P.]


Sonnet dans lequel on censure moralement une rose et, à travers elle, ses semblables. 


Divine rose, en gracieuse culture,

dans ton odorante subtilité,

magistère pourpre de la beauté,

enseignement neigeux de forme pure,


Feintise de l’humaine architecture,

parangon de vaine gracieuseté,

la nature en ton être a su enter

le gai berceau, la triste sépulture.


Fière et superbe tu t'épanouis,

dédaignant la mort d'altière façon,

et puis te rides et t'évanouis ;


en signes fanés ton être se fond,

niaise vie qui enfin mourant s'instruit ;

ta vie nous leurre et ta mort est leçon.



Soneto en que da moral censura a una rosa, y en ella a sus semejantes.


Rosa divina que en gentil cultura

eres, con tu fragante sutileza,

magisterio purpúreo en la belleza,

enseñanza nevada a la hermosura.


Amago de la humana arquitectura,

ejemplo de la vana gentileza,

en cuyo ser unió naturaleza

la cuna alegre y triste sepultura.


¡ Cuán altiva en tu pompa, presumida,

soberbia, el riesgo de morir desdeñas,

y luego desmayada y encogida


de tu caduco ser das mustias señas,

con que con docta muerte y necia vida,

viviendo engañas y muriendo enseñas !



mardi 2 juin 2020

Juana Inés de la Cruz : Sonnet de l'espérance [traduction M.P.]



Verte magie de la vie des humains,
folle Espérance, frénésie dorée,
pour ceux qui veillent, rêve enchevêtré,
comme sont les rêves, de trésors vains ;

âme du monde, vigoureux déclin,
décrépitude en verdeur figurée ;
des chanceux l'aujourd'hui tant espéré
des malchanceux toujours le lendemain :

cherchant ta lumière ils trouvent ta nuit,
ceux-là qui portant des lunettes vertes,
selon leur désir toutes choses voient :

mais quant à mon sort, plus sage je suis,
mes mains ont des yeux, paupières ouvertes,
et ce que je touche seul je le vois.



Verde embeleso de la vida humana,
loca Esperanza, frenesí dorado,
sueño de los despiertos intrincado,
como de sueños, de tesoros vana ;

alma del mundo, senectud lozana,
decrépito verdor imaginado ;
el hoy de los dichosos esperado,
y de los desdichados el mañana :

sigan tu sombra en busca de tu día
los que, con verdes vidrios por anteojos,
todo lo ven pintado a su deseo ;

que yo, más cuerda en la fortuna mía,
tengo en entrambas manos ambos ojos
y solamente lo que toco veo.

lundi 1 juin 2020

Juana Inés de la Cruz : Sonnet du portrait [traduction M.P.]



Ce que tu vois, tromperie colorée,
tous ces attraits que l'art met en valeur
par ses faux syllogismes de couleurs,
ce n'est que danger pour ton sens leurré ;

cette flatterie qui dut s'affairer
pour exempter les ans de leurs horreurs,
pour surmonter le temps et ses rigueurs,
pour que l'âge et l'oubli soient réparés,

c'est soin perdu et artifice vain,
c'est fleur délicate exposée au vent,
c'est faible rempart contre le destin,

c'est impatience niaise, aveuglement,
c'est frénésie caduque, et puis enfin,
c'est cadavre, poussière, ombre, néant.



Este, que ves, engaño colorido,
que, del arte ostentando los primores,
con falsos silogismos de colores
es cauteloso engaño del sentido ;


éste, en quien la lisonja ha pretendido
excusar de los años los horrores,
y venciendo del tiempo los rigores
triunfar de la vejez y del olvido,

es un vano artificio del cuidado,
es una flor al viento delicada,
es un resguardo inútil para el hado : 

es una necia diligencia errada,
es un afán caduco y, bien mirado,
es cadáver, es polvo, es sombra, es nada.



samedi 30 mai 2020

Juana Inés de la Cruz : Sonnet [traduction M.P.]



Monde, à me poursuivre tu t'intéresses.
Où est l'offense à loger seulement
des joliesses dans mon entendement,
non mon entendement dans les joliesses ?

Je n'aime les trésors ni les richesses
et j'ai toujours plus de contentement
aux richesses de mon entendement
qu'à mon entendement dans les richesses.

J'estime la beauté quand, abolie,
elle n'est que dépouille des années ;
richesse déloyale je n'envie,

et je tiens pour meilleur, en vérité,
consumer les vanités de la vie
que consumer ma vie en vanités.


En perseguirme, Mundo, ¿ qué interesas ?
¿ En qué te ofendo, cuando sólo intento
poner bellezas en mi entendimiento 
y no mi entendimiento en las bellezas ?

Yo no estimo tesoros ni riquezas ;
y así, siempre me causa más contento
poner riquezas en mi pensamiento
que no mi pensamiento en las riquezas.

Y no estimo hermosura que, vencida,
es despojo civil de las edades,
ni riqueza me agrada fementida,

teniendo por mejor, en mis verdades,
consumir vanidades de la vida
que consumir la vida en vanidades