dimanche 18 avril 2010

Rilke, poème d'agonie (traduction M.P.)




               (sans titre ; décembre 1926)

Komm, du, du letzter, den ich anerkenne,
heilloser Schmerz im leiblichen Geweb :
wie ich im Geiste brannte, sieh, ich brenne
in dir ; das Holz hat lange widerstrebt,
der Flamme, die du loderst, zuzustimmen,
nun aber nähr' ich dich und brenn in dir.
Mein hiesig Mildsein wird in deinem Grimmen
ein Grimm der Hölle nicht von hier.

Ganz rein, ganz planlos frei von Zukunft stieg
ich auf des Leidens wirren Scheiterhaufen,
so sicher nirgend Künftiges zu kaufen
um dieses Herz, darin der Vorrat schwieg.
Bin ich es noch, der da unkenntlich brennt ?
Erinnerungen reiß ich nicht herein.
O Leben, Leben : Draußensein.
Und ich in Lohe. Niemand der mich kennt.




Tu peux venir, ma bien-connue, l'Ultime,
douleur déchirant le tissu du corps.
Mon âme est cendre, et jusqu'à l'intime
je brûle en toi. Mon bois cesse l'effort
de repousser ton feu, se décourage,
se laisse dévorer, brûler en toi ;
ma pulpe si douce devient ta rage
de fournaise infernale ; je suis ta proie.

Émacié de projets, pur d'avenir,
je suis au bûcher des mille tourments,
ne cherchant à mendier quelques moments
pour ce cœur silencieux qui va finir.
Cette brûlure, est-ce donc tout mon être
qui n'emporte même nul souvenir ?
O, vivre, vivre : pouvoir se sortir.
Moi dans le feu. Et nul pour me connaître.


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