Sonnet CLVIII : La vision de la biche
Sur le vert de l'herbe, j'eus cette vision
d'une biche blanche aux deux cornes dorées,
entre deux rivières, à l'ombre d'un laurier,
au soleil levant, en précoce saison.
Superbe et douce était sa contemplation ;
pour la suivre, tout mon labeur je quittai,
comme l'avare qui, avec volupté,
cherchant un trésor, adoucit sa passion.
Autour de son beau col, il était écrit
avec des topazes et diamants taillés :
"Libre et intouchée mon César m'a voulue."
Le soleil déjà était à son midi
que, les yeux las de voir, mais non rassasiés,
je tombai dans l'eau ; alors elle s'en fut.
Sonetto CLVIII : La visione della cerva
Una candida cerva sopra l'erba
Verde m'apparve con due corna d'oro
Fra due riviere all'ombra d'un alloro,
Levando'l sole alla stagione acerba,
Era sua vista si dolce superba,
Ch'i' lasciai per seguirla ogni lavoro,
Come l'avaro, che'n cercar tesoro
Con diletto l'affanno disacerba,
Nessun mi tocchi, al bel colle d'intorno
Scritto avea di diamanti e di topazi,
Libera farmi al mio Cesare parve.
Ed era il sol' già volto al mezzo giorno,
Gli occhi miei stanchi di mirar, non sazi :
Quand'io caddi nell'acqua, ed ella sparve.