vendredi 30 avril 2010

Peinture : sujet et manière (notule)


  
La banalité ou la laideur de la chose représentée font mieux ressortir la nature proprement esthétique de la représentation. Par la dignité de ses sujets, la peinture fonctionnelle détournait grandement le spectateur de la considération de l'essence picturale du tableau. A contrario : des asperges dans un plat, à la Manet ; ou la botte de carottes dont le héros de Zola veut se servir pour révolutionner son art ... 
 

La banalité de la matière, fait ressortir la manière comme seul objet d'intérêt. Les natures mortes sont mieux saisies comme picturales que les scènes religieuses. C'est pourquoi Chardin nous apparaît comme "moderne" : il ôte tout prestige au sujet. Parfois même il peint du désordre comportant du dégoût (la fameuse Raie). Sa stillife est aussi stillpainting, peinture tranquille avec elle-même, seule avec elle-même, non plus encombrée d'un sujet, mais appuyée sur un simple prétexte. 
 

Déjà, des natures mortes du XVII° siècle allaient dans un sens minimaliste ; mais c'étaitent des vanités. Vanité des choses d'ici-bas par rapport à notre destination spirituelle. 
 
Les coings de Zurbarán, par exemple, dénonçaient la chose qu'elles montraient, au profit de la transcendance divine. Les asperges de Manet, au profit de la valeur absolue de l'Art.


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