dimanche 31 juillet 2011

Onomastique littéraire : Queneau et la veuve Mouaque

   
L'onomastique littéraire n'est pas vraiment une drogue dure, mais tout de même, quand on y a touché, elle accroche pas mal son homme... 
Queneau, Zazie : "la veuve Mouaque". Bizarre patronyme. Dans son édition Pléiade, H. Godard dit avec raison :
- elle meurt en disant "moi qu'avais des rentes"
- elle se présente : "Je m'appelle Mouaque, comme tout le monde" ; c'est manifestement une allusion à Satie : "Je m'appelle Erik Satie, comme tout le monde"

Mézencor, mézoci... 

1/ ... La blague absurde de Satie se trouve selon moi très très enrichie, et acquiert une valeur linguistique, par un simple effet de prononciation, un très léger bégaiement : 
"Je m'appelle Mouaque, comme tout le monde"
"Je m'appelle moi c-comme tout le monde", car tout le monde s'appelle "moi". 
2/ Mouaque : moique : moi que : moi Queneau (moi que je m'appelle Que neau)

... Et, dans la foulée : la clausule zazique "... mon cul !" : 
Je n'ai pas vu (mais je n'ai pas tout lu) que cela peut s'écrire, triomphalement : 
"Mon Q !", mon initiale de Queneau, ma chère initiale, narcissiquement et ironiquement investie d'affects divers... Il avait anagrammisé son nom en un pessimiste "Ma queue dyra non" ; on peut songer aussi à "Raie mon Q (ueneau)"
Il avait prévu de faire apparaître l'auteur, sous le nom de Raymond Queneau, parmi les personnages, et de le faire discuter ferme avec Zazie. Ne le fait-il pas via la clausule ? Et ce, de façon probablement consciente : quand on a une telle initiale, on ne l'oublie pas quand on écrit le mot "cul".
 

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