« La grande punition inventée par les pions, c'est de copier des vers. Les vers sont la forme officielle de pensum. Elève Machin, vous me ferez cent vers ! » (Sur le vers français, Pléiade p. 29, note)
Si on lit rapidement, on peut ne pas apercevoir que, pour une phrase dénonçant l'usage punitif du vers, Claudel ne peut s'empêcher, sinon de versifier, du moins de rythmer :
La grande punition (6)
inventée par les pions, (6)
c'est de copier des vers. (6)
Les vers sont la forme officielle de pensum. (12, mais non césuré)
Élève Machin, (5)
vous me ferez cent vers ! (6)
Les trois premières séquences de 6 ont une belle force insistante, un martèlement efficace : les deux premières riment, et la troisième s'étale grassement, transforme en dégoût ce qui devrait être délectation. Cette petite note de rien du tout, si on la lit et relit, est pleine d'enseignement sur la pulsation claudélienne, son utilisation de structures classiques et non-classiques, de pair et d'impair, de césuré et de non-césuré.
On peut lire aussi, en octosyllable rogue :
Élèv' Machin, (4) vous m'f'rez cent vers ! (4)